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70 % des Diagnostics de Performance Énergétique seraient faussés

10 janvier 2023

La lutte contre les passoires énergétiques est lancée en ce début d’année 2023. Au même moment, Hello Watt publie une étude fâcheuse pour le diagnostic de performance énergétique (DPE). D’après le conseiller en énergie pour les particuliers, ce sont près de 70 % des DPE qui seraient erronés. Mais qu’en est-il vraiment ?

Mis en place en France il y a maintenant plus de 15 ans, le Diagnostic de performance énergétique est un document visant à donner aux acquéreurs les informations relatives à la consommation d’énergie d’un bien immobilier. Obligatoire lors de toute transaction immobilière, le DPE a évolué au cours de ces dernières années. En 2023, il a connu un tournant majeur avec l’interdiction de louer un logement classé G et présentant une étiquette de consommation allant au-delà de 450 kWh/m2 d’énergie finale.

DPE erronés : les chiffres de Hello Watt interpellent

Dans ce contexte de lutte contre les passoires énergétiques, le conseiller en énergie Hello Watt a publié une étude indiquant que près de 7 DPE sur 10 seraient erronés (voir la source). Pour mener son enquête, Hello Watt a établi une comparaison entre les notes de plus de 200 logements et leur consommation réelle. D’après l’étude, 40 % des DPE présenteraient une note d’écart avec la consommation réelle du logement, et 30 % d’entre eux un écart de 2 étiquettes ou plus.

Bon à savoir

Fondée en 2007, la Chambre des Diagnostiqueurs Immobiliers FNAIM, réunit près de 1600 professionnels spécialisés en diagnostics immobiliers.

Les nouvelles règles relatives aux Diagnostics de performance énergétique font baisser les prix des passoires thermiques. Ainsi, Hello Watt y voit là une manière pour les propriétaires d’ajuster le prix de leur bien immobilier ou d’éviter une interdiction à la location. Le conseiller en énergie, qui met en cause un manque d’encadrement des diagnostiqueurs, indique enfin que l’étude fait autant état de la présence de biens surévalués que sous-évalués.

DPE erronés : un scandale selon la FNAIM

La CDI FNAIM, représentant des diagnostiqueurs immobiliers, n’a pas tardé à réagir à l’étude publiée par Hello Watt. Par l’intermédiaire de son président Yannick Ainouche, la Chambre des Diagnostiqueurs Immobiliers de la Fédération de l’immobilier parle de scandale.

« Le moment est bien choisi. Alors qu’il prend encore un peu plus de poids avec les premières interdictions de location de passoires en vigueur depuis le 1er janvier, cette étude tend à accréditer la thèse que le DPE n’est pas fiable afin de permettre à ceux qui ne veulent pas faire de travaux de rénovation de trouver une échappatoire : c’est purement scandaleux » a ainsi déclaré Monsieur Ainouche.

La méthodologie de l’étude des DPE erronés pointée du doigt

En tant que conseiller en énergie, il serait surprenant de constater que Hello Watt encourage les propriétaires à « trouver une échappatoire » comme la FNAIM le suggère. Une FNAIM qui remet d’abord en cause la méthodologie utilisée par Hello Watt. Concrètement, le conseiller en énergie a comparé les données des compteurs Linky et Gazpar aux notations DPE à travers 221 logements. De cette comparaison ont découlé trois explications possibles mises en avant par Hello Watt.

La première remet en cause la méthode utilisée dans le Calcul de la Consommation Conventionnelle des Logements (3CL), utilisée pour la note du DOE. Ici, le manque de précision de cette méthode serait la cause des résultats mis en lumière par Hello Watt. La deuxième explication indique une méthode 3CL fiable, mais mal interprétée par les diagnostiqueurs qui « prennent des raccourcis pour réduire sa complexité, ou ne l’implémentent pas de façon fiable pour une autre raison ». Enfin, Hello Watt suggère que les données émanant des DPE sont fiables, mais que « les hypothèses sur le comportement des occupants sont irréalistes, et la variabilité d’un occupant à l’autre noie tout impact significatif du bâtiment lui-même sur la consommation ».

Bon à savoir

Pour simplifier, la consommation conventionnelle d'un logement est obtenue de la manière suivante : on établi le rapport entre l'énergie primaire et l'énergie finale. Ce rapport permet de constituer un coefficient de conversion, qui lui-même va permettre d'obtenir la consommation conventionnelle.

C’est ici que la CDI FNAIM mentionne une « méthodologie erronée » de la part de Hello Watt. « Les usages de chacun relatifs à la consommation varient fortement d’un individu à un autre. Un peu comme la consommation théorique d’une voiture affichée par le constructeur : l’automobiliste le sait, selon sa conduite, cette consommation reste souvent purement théorique. Néanmoins, elle n’en est pas moins utile pour acheter un véhicule » explique ainsi l’organisation.

Désaccord sur le rôle du DPE

Une fois ce constat fait, on note que CDI FNAIM et Hello Watt tombent d’accord quant à la grande difficulté d’estimer une consommation standard d’un logement. Néanmoins, les deux entités s’écharpent concernant le rôle du DPE. Un DPE dont Hello Watt reproche un défaut de prédiction sur la consommation énergétique de logements et un manque de corrélation entre le diagnostic et la consommation réelle.

Mais pour la CDI FNAIM, Hello Watt se trompe dans sa vision de la fonction du DPE. « Le DPE est un indicateur qui donne une tendance de consommation, et cette tendance va être plus ou moins accentuée par l’usage du logement par ses habitants » explique Yannick Ainouche. Le président parle enfin d’une étude qui « n’a aucun sens » et « regrette un manque de confiance envers la filière ».

Si la compréhension et le rôle du DPE par les deux parties diverge, elles semblent toutes deux s’accorder à dire que le diagnostic présente des faiblesses. Une clarification de ses objectifs et de la teneur réelle des résultats qu’il met en avant pourrait donc s’avérer utile pour tous : propriétaires, acquéreurs, Hello Watt, CDI FNAIM…